Une carte pour l'enfer de Miyuki MIYABE
L'inspecteur Honma, en congé maladie suite à une blessure par balle, reçoit la visite d'un neveu perdu de vue. Le jeune homme vient lui demander de retrouver sa fiancée, mystérieusement disparue après qu'il ait appris, en faisant une demande de carte de crédit pour elle, qu'elle était en faillite personnelle. Très rapidement, l'inspecteur découvre que la jeune fille a usurpé l'identité d'une autre...
A partir de ce point de départ, la romancière japonaise développe une intrigue policière très classique, d'apparence limpide, mais dans laquelle les mystères s'entrecroisent : qui est cette jeune femme qui a pris l'identité d'une autre ? Pourquoi en est-elle arrivée là ? A-t-elle tué pour se forger cette identité ?
Au delà de cette intrigue très réussie - quel dommage que je ne puisse pas vous parler de la fin, ouverte, ambigue et généreuse ! - toute l'épaisseur du roman tient à la dimension sociale et psychologique que l'auteur installe peu à peu. Le personnage principal, inspecteur un peu fade au premier abord, s'avère un fin psychologue, aussi modeste et discret qu'anticonformiste... lorsqu'il suggère par exemple à un de ses collègues en difficulté que l'absence d'un amant ne signifie pas que l'épouse de la victime est innocente, car elle a pu agir seule ! Autour de lui gravite une galerie de personnages secondaires fort sympathiques, et bien plus complexes qu'il n'y parait : Tamotsu, amoureux de la première jeune disparue, décidé à savoir ce qu'elle est devenue avec la bénédiction compréhensive de sa femme enceinte, Isaka, l'homme de ménage...
Au travers de ces personnages, Miyuki Miyabe démonte également, de manière très didactique, le mécanisme du surendettement et dénonce ses conséquences sociales. En mettant dans la bouche de divers personnages des explications très claires, elle permet au lecteur français de comprendre sans peine la situation japonaise, sans jamais devenir ennuyeuse.